Bon, alors, après une journée de repos, je propose à mon fiston de découvrir ensemble un col qui semble intéressant sur le papier. Celui de Couraduque qui débute dans le village d'Aucun (oui, je sais, on en a fait un paquet sur ce nom qui s'y prête

).
Sept bornes avec un ch'tit 8% de moyenne, c'est pas la mort du petit cheval, hein ?
Euuuuh ! On aurait dû s'échauffer un peu plus car dès qu'on a quitté la "grand route" celle du col s'élève dru dans l'pentu. Mais ça c'est rien car au bout de mêm' pas trois-cent malheureux mètres, premier mur bien velu jusqu'à un petit pont (en béton et non "de bois") sous lequel se rue un torrent en furie et qui préfigure la sortie du village.
S'en suivent quelques virage en épingle qui deviennent rapidement le quotidien de cette montée.
Mais là, lesdits virages ainsi que quelques lignes droites sont émaillés de bosses destructrices de souffle mais zaussi de cannes. Les moments suivant ces morceaux de bravoures tapent dans la douleur exquise mêlée à l'angoisse de ne pouvoir récupérer. Mais contre toute attente, la machine se relance à chaque fois bien que, euh, extérieurement ça doit pas être beau à voir ni surtout à entendre : je souffle en tempête, cherchant la moindre bolée d'oxygène car on est déjà rendus au-delà des mille mètres d'altitude !
Alors, j'vais te dire, à 'ment donné un panneau compatissant m'indique que le prochain kilomètre n'aura une moyenne d'élévation des âmes que de 5,5%
Eh ben t'sais quoi ? Au lieu de me réjouir, j'me suis demandé ipso facto ce qui m'attendait derrière pour revenir à la moyenne générale de 8%
Il n'a pas fallu longtemps pour avoir une réponse aussi douloureuse que ... trèèès douloureuse
Quelques segments de parcours astucieusement disséminés me détruisirent les jambons, le moral et la respiration (sifflante, bruyante ...) mais, cher lecteur averti, c'est là que l'histoire s'avère intéressante : à chaque fois que j'ai bien cru qu'un honteux pied à terre allait clore une montée "escargolienne" (pardon pour le barbarisme mais en mêm' temps il est tard et je suis encore un pneu cramé

) ben inexplicablement ma pôv' carcasse est parvenue à récupérer miraculeusement sur les hectomètres suivants.
Puis là, j'annonce moment surréaliste bien que bucolique. J'me retrouve au milieu d'un troupeau de moutons en goguette qui m'accompagnent avec sollicitude, du moins me plais-je à l'en accroire. Jusqu'à qu'une triplette facétieuse me fasse involontairement transpirer en jouant à : " tu prends à droite pour nous dépasser ? Héhé, nous auuuussiiii !"
On zigzague de conserve comme un bateau ivre avant que je voie une ouverture et que je me faufile entre les ballots de laine ambulants et les laisse sur place.
Après un virage en épingle à la Tour de France, je jette un coup d'oeil au troupeau en contrebas mais immédiatement mon regard de Linx (enfin, myope

) embrasse un paysage féérique.
Le panorama est grandiose avec une vallée verdoyante comme seule la montagne sait nous en donner, le tout dans un écrin monumental composé de sommets enneigés scintillants comme autant de diamants !
Ben là mon pote, j't'assure que t'es payé au centuple des efforts désespérés consentis auparavant !
Et l'arrivée en cul-de-sac de ce col de Couraduque est suffisamment pentu pour demeurer valorisant mais pas trop pour que tu puisses transformer ton ascension poussive en une marche triomphale dans les derniers hectomètres ... finalement, je l'adore ce col !
A tel point que je me le suis fadé une deuxième fois aujourd'hui
Trois montées de sept bornes à huit pour cent de maille, pour un pachyderme sans entraînement, moi j'trouve que ça le fait grâââve
