J'avoue et veuillez m'excuser le montage peu orthodoxe, voire blasphématoire.
Mais ce vélo a pour moi toute une histoire et sa valeur en est d'autant plus sentimentale, c'est à dire incalculable.
Fin 80, début 90, j'effectuais sur Paris mes études. Las d'utiliser le métro et de ne point pouvoir apprécier l'architecture de la capitale, j'ai très rapidement utilisé le vélo comme moyen de transport. Comme mes moyens étaient relativement limités, mes montures étaient souvent fabriquée de bric et de broc.
Tout commence par un déménagement. Le concierge de l'immeuble commence par m'expliquer que le règlement intérieur interdit tout vélos . Quelques bouteilles de Corbières (de chez moi…) habilement offertes, et ce même concierge m'aidait un mois plus tard à trimbaler et monter des cadres de tandem dans mon studio… métamorphosé en atelier.
Donc, je circulais à vélo, jusqu'au jour où je le prêta à un pote. Il eût la bonne idée de me restituer le vélo en l'attachant à un panneau, juste en face la porte d'entrée de mon immeuble. La clef du cadenas ? Je crois qu'il a encore ! En effet, ce vélo a passé une nuit entière dehors avant de se volatiliser. Le cadenas ayant lui aussi disparu, le pote n'a pas cru bon de me restituer la clef…
Bref, me voilà réduit en l'état de piéton. C'est là que le concierge entre en scène : "il me semble qu'il y a un vélo dans la cave de l'immeuble depuis des lustres. Un machin rouillé vieux comme Hérode (ou érodé par le temps… au choix). Si tu penses pouvoir le retaper…"
Il remonte peu de temps après avec le bestiau rouillé de partout, du jeu dans les roulements et sans roues.
un vélo, c'était une nécessité. Quelques gouttes d'huile, des pièces que j'avais sous la main, et zou, roulez jeunesse.
Je ne sais combien de kilomètres j'ai effectué dans Paris. Mais il a résisté à 3 ans de pluie, de pavés, de pollution… Ce vélo était un régal. Relativement léger (au fort étonnement des personnes qui l'ont soupesé) plutôt nerveux et un grimpeur génial (de très bon souvenir au Sacré Cœur)
Mes études terminées, je l'ai quelque peu dérouillé et nettoyé, retrouvant des traces de chromes et de peinture bordeau. Le raccords principaux semblent soudés en"autogène" (raccord haubans-tige de selle, raccord de la douille de direction) et pourtant, de légers traits dorés aux extrêmités des tubes trahiraient une jonction par emmanchement et brasure : du beau travail artisanal. Les tubes sonnent fins. Et la plaque est magnifique.
J'ai continué à le sortir sur les petites routes des Corbières. Toujours autant de plaisir. En comparaison avec des vélos modernes, il est certes moins performant mais sont cadre est des plus agréables à emmener. Un comportement finalement assez proche d'un titane
Petit retour dans mes années parisiennes : je remontais le boulevard Magenta. J'avais du jeu dans la direction et je recherchais des billes au bon diamètre. Quelqu'un m'avait indiqué la présence d'un magasin de vélo qui pouvait peut-être m'aider. Je croise une vieille dame et je lui demande mon chemin. Mon vélo ressemblait à rien de prime abord mais ne laissait pas indifférent. La vieille dame jette un œil sur le vélo et sur la plaque… "Au petit qui n'a pas peur des gros"…" Vous savez jeune homme, je l'ai bien connu ce magasin ! Il était juste là. Mais … ça date ! Oh oui, avant la guerre ! Vous savez, votre vélo doit dater de 1930 !"
). J'ai toujours la selle d'origine. Un truc de 50cm de long ! Mais le cuir est trop cuit et la fleur quasiment disparue…
