La montée du Port d'Aula comme en 1930
Publié : lun. 08 oct. 2018 20:31:51
Je rêvais d'y revenir depuis le jour où je l'ai monté pour la première fois, avec ma randonneuse et ses pneus en 700x25C, mais je voulais faire mieux
Je préparais d'y revenir depuis 5 ou 6 mois, et tout ça a failli être compromis par une panne de voiture, mais c'est réglé
Au départ je comptais le monter avec mon habituel Celsior de 1910 environ, en changeant son plateau de 48 dents par un 28 ou 24 dents, et en installant un deuxième frein, mais je ne m'y suis pas pris assez tôt, donc le vélo n'était pas prêt non plus, je fais le tour de mon petit cheptel et mes yeux se posent sur ce véritable tas de rouille roulant, et je me dis qu'avec ça, ça risque d'être impressionnant ! Et cette simple randonnée s'est quand même un peu transformée en véritable défi technique pour ma monture qui n'est autre que ma rétro-directe Hirondelle de 1929.
Là haut, aucun vélo de 90 ans n'y est encore monté je pense, et surtout pas une rétro-directe ! Si les actionnaires de la marque avaient su ça à l'époque, ils en auraient fait une réclame !
Comme d'habitude, je vais essayer de vous raconter ça comme si vous y étiez, en plein cœur des Pyrénées, au tout début des années 30
Même si je pense qu'à cette époque là, le chemin emprunté n'existait pas, ou en tout cas n'était qu'un sentier, je n'ai pas trouvé grand chose sur l'histoire de ce col, si ce n'est que ça devait être un itinéraire touristique construit de 1959 à 1962, mais rien sur l'avant-guerre
J'ai donc noté ceci sur mon carnet de route :
Mardi 6 Octobre
Montée du Port d'Aula
Il est 8 heures à mon départ de Couflens, la température est sûrement positive puisqu'il n'y a pas de givre, mais il fait bien frais.
Le départ est plutôt rude, la pente commence immédiatement après avoir franchi le ruisseau du Salat, je pousse déjà ma bicyclette à pied, essoufflé...
Quelques minutes plus tard je commence déjà à croiser quelques rares randonneurs matinaux, surpris par ma machine, une rétro-directe de marque Hirondelle. Le peu de fois où j'ai l'occasion de l'enfourcher dans cette ascension, il me faut pédaler en arrière pour profiter du 44x30.
Après le dernier hameau, celui de Lasserre, la piste apparaît, toujours impraticable à bicyclette en raison de la forte pente. Le soleil apparaît lui aussi, et la chaleur qui va avec. Je pose ma veste et je me rends vite compte que j'ai sous estimé ma réserve d'eau, une gourde d'un demi-litre ça ne sera jamais assez pour atteindre le sommet, alors je bois au goutte-à-goutte, en économisant le plus possible. J'irais même jusqu'à me poser la question d'abandonner.
J'arrive, transpirant et assoiffé au col de Pause à 1527 mètres d'altitude, une petite halte à l'ombre et quelques gorgées de ma gourde presque vide, permettent de me rafraichir. Je reprends ensuite l'ascension, à l'ombre cette fois-ci. La pente est plus abordable et je remonte enfin sur ma machine.
Les premières bêtes d'élevage apparaissent, des vaches, des ânes et des chevaux.
Les paysages grandioses se dévoilent, avec le Mont Valier au dessus de tout.
Quelques déraillements de ma chaine m'interrompent dans l'effort, je réussis même à m'ouvrir un doigt en la remettant sur son pignon... Je retends alors la chaine grâce au galet de tension, et je poursuivrais sans autre encombre mécanique.
J'arrive enfin au lac d'Aréou où je vante alors les capacités de ma bicyclette Hirondelle à quelques randonneurs curieux, l'un d'eux l'essaie même.
À partir d'ici, la piste devient plus cahoteuse et la pente s'enraidit.
L'eau commence cruellement à me manquer, de toute manière mes bagages ne me permettaient pas d'emporter quoique ce soit de plus, je n'ai même pas d'appareil photographique !
En arrivant sur un léger replat, un couple de randonneurs se font photographier devant le majestueux Valier. Je fais halte pour leur demander de l'eau et nous discutons quelques minutes.
Je passe ensuite le lac de Pra-Matau, je m'approche du sommet, et l'eau fraiche offerte par les randonneurs me redonne de la vigueur.
Je poursuis toutefois principalement à pied en poussant ma bicyclette. Une dernière halte à l'ombre et j'enfourche ma bicyclette pour les derniers mètres qui mènent au sommet du Port d'Aula et ses 2260 mètres d'altitude bien mérités après 4h30 d'ascension.
Je retrouve des randonneurs croisés précédemment, je mange un peu en leur compagnie, tout en profitant pleinement du paysage, et en finissant encore une fois mon eau.
Je resterais là haut une bonne heure, à la frontière de l'Espagne que seule une borne et une grosse pierre plate délimitent.
J'entame ensuite la descente, que j'appréhendais un petit peu, mais tout se passe bien, les freins sont très efficaces, et on profite encore mieux du paysage qu'à la montée.
Quelques mètre en contrebas sur le chemin, j'aperçois des gardes forestiers locaux que je m'empresse de rejoindre afin de leur demander un peu d'eau, qui me fait le plus grand bien.
Ils sont assez surpris par ma machine et son système. Ils en profitent pour me montrer leurs prises, deux isards, de très belles bêtes aux jolies cornes, l'une d'entre elle est une femelle de 18 ans qui une fois dépecée servira de cape.
Ils en profitent pour me photographier devant le mont Valier, avec ma bicyclette un peu spéciale et leur prise du jour.
Je reprends ma descente en repassant par le lac d'Aréou où de nombreux promeneurs font leur halte pique-nique, plus tard j'apprendrais qu'ils venaient tenter d'apercevoir l'ours.
Je profite encore quelques instants de ces sublimes paysages et reviens au col de Pause, où la pente reprend de plus belle, la route semble plonger dans la vallée tel un torrent approchant d'une cascade vertigineuse, les freins tiennent tout de même le coup, et les jantes ne chauffent pas excessivement, l'éclatement n'est pas à craindre.
Après 2h15 de descente, j'arrive finalement à Couflens, avec un peu de mal aux mains, mais heureux de mon petit périple à la montagne.
Le lendemain j'ai rejoint mes grands parents en gîte à Sougraigne près de Bugarach, nous ferons 3 cols pour rejoindre la concentration annuelle du Club des Cent Cols dans les Pyrénées. Bien évidemment ils sont à vélos "modernes" donc je ne les ai pas pris en photo, mais vous avez déjà le récit
Je poursuis donc :
Dimanche 7 Octobre
Aujourd'hui petite randonnée d'une cinquantaine de kilomètres pour rejoindre des amis cyclo-touristes au col du Paradis.
Nous partons du petit village de Sougraigne à 5 machines. Je suis le seul avec une rétro-directe, ce qui en épatera plus d'un.
Nous commençons par passer le col de la Fage à 731 mètres, il y fait un vent à décorner les bœufs, et frais aussi, je n'ai que ma veste, et mon manteau de cuir ne m'aurait pas déplu.
Nous redescendons sur Fourtou, où le soleil pointe le bout de son nez par intermittence pendant quelques minutes, avant de disparaître à nouveau.
S'en suit alors la montée du col du Paradis, avec pour 3 d'entre nous un passage par le col de Fresno à 510 mètres.
Arrivés au col du Paradis et ses 622 mètres d'altitude, nous sommes froidement accueillis par un vent glacial, heureusement les copains ont quelques gâteaux, du café et du vin pour nous réchauffer.
Il ne nous reste ensuite que 20 kilomètres pour rentrer au gîte et s'attabler autour d'une bonne soupe.
Voilà pour cette petite virée Pyrénéenne, comme à chaque fois, j'en prends plein les yeux et je m'efforce de tout vous retranscrire du mieux que je peux, comme je l'ai vécu
Je vais essayer de monter une courte vidéo dans la semaine
Au passage je remercie encore une fois Enrique Guillermo et sa compagne chez qui je me suis arrêté sur le chemin du retour et qui m'ont offert le repas du midi, un grand merci !
Je préparais d'y revenir depuis 5 ou 6 mois, et tout ça a failli être compromis par une panne de voiture, mais c'est réglé
Au départ je comptais le monter avec mon habituel Celsior de 1910 environ, en changeant son plateau de 48 dents par un 28 ou 24 dents, et en installant un deuxième frein, mais je ne m'y suis pas pris assez tôt, donc le vélo n'était pas prêt non plus, je fais le tour de mon petit cheptel et mes yeux se posent sur ce véritable tas de rouille roulant, et je me dis qu'avec ça, ça risque d'être impressionnant ! Et cette simple randonnée s'est quand même un peu transformée en véritable défi technique pour ma monture qui n'est autre que ma rétro-directe Hirondelle de 1929.
Là haut, aucun vélo de 90 ans n'y est encore monté je pense, et surtout pas une rétro-directe ! Si les actionnaires de la marque avaient su ça à l'époque, ils en auraient fait une réclame !
Comme d'habitude, je vais essayer de vous raconter ça comme si vous y étiez, en plein cœur des Pyrénées, au tout début des années 30
Même si je pense qu'à cette époque là, le chemin emprunté n'existait pas, ou en tout cas n'était qu'un sentier, je n'ai pas trouvé grand chose sur l'histoire de ce col, si ce n'est que ça devait être un itinéraire touristique construit de 1959 à 1962, mais rien sur l'avant-guerre
J'ai donc noté ceci sur mon carnet de route :
Mardi 6 Octobre
Montée du Port d'Aula
Il est 8 heures à mon départ de Couflens, la température est sûrement positive puisqu'il n'y a pas de givre, mais il fait bien frais.
Le départ est plutôt rude, la pente commence immédiatement après avoir franchi le ruisseau du Salat, je pousse déjà ma bicyclette à pied, essoufflé...
Quelques minutes plus tard je commence déjà à croiser quelques rares randonneurs matinaux, surpris par ma machine, une rétro-directe de marque Hirondelle. Le peu de fois où j'ai l'occasion de l'enfourcher dans cette ascension, il me faut pédaler en arrière pour profiter du 44x30.
Après le dernier hameau, celui de Lasserre, la piste apparaît, toujours impraticable à bicyclette en raison de la forte pente. Le soleil apparaît lui aussi, et la chaleur qui va avec. Je pose ma veste et je me rends vite compte que j'ai sous estimé ma réserve d'eau, une gourde d'un demi-litre ça ne sera jamais assez pour atteindre le sommet, alors je bois au goutte-à-goutte, en économisant le plus possible. J'irais même jusqu'à me poser la question d'abandonner.
J'arrive, transpirant et assoiffé au col de Pause à 1527 mètres d'altitude, une petite halte à l'ombre et quelques gorgées de ma gourde presque vide, permettent de me rafraichir. Je reprends ensuite l'ascension, à l'ombre cette fois-ci. La pente est plus abordable et je remonte enfin sur ma machine.
Les premières bêtes d'élevage apparaissent, des vaches, des ânes et des chevaux.
Les paysages grandioses se dévoilent, avec le Mont Valier au dessus de tout.
Quelques déraillements de ma chaine m'interrompent dans l'effort, je réussis même à m'ouvrir un doigt en la remettant sur son pignon... Je retends alors la chaine grâce au galet de tension, et je poursuivrais sans autre encombre mécanique.
J'arrive enfin au lac d'Aréou où je vante alors les capacités de ma bicyclette Hirondelle à quelques randonneurs curieux, l'un d'eux l'essaie même.
À partir d'ici, la piste devient plus cahoteuse et la pente s'enraidit.
L'eau commence cruellement à me manquer, de toute manière mes bagages ne me permettaient pas d'emporter quoique ce soit de plus, je n'ai même pas d'appareil photographique !
En arrivant sur un léger replat, un couple de randonneurs se font photographier devant le majestueux Valier. Je fais halte pour leur demander de l'eau et nous discutons quelques minutes.
Je passe ensuite le lac de Pra-Matau, je m'approche du sommet, et l'eau fraiche offerte par les randonneurs me redonne de la vigueur.
Je poursuis toutefois principalement à pied en poussant ma bicyclette. Une dernière halte à l'ombre et j'enfourche ma bicyclette pour les derniers mètres qui mènent au sommet du Port d'Aula et ses 2260 mètres d'altitude bien mérités après 4h30 d'ascension.
Je retrouve des randonneurs croisés précédemment, je mange un peu en leur compagnie, tout en profitant pleinement du paysage, et en finissant encore une fois mon eau.
Je resterais là haut une bonne heure, à la frontière de l'Espagne que seule une borne et une grosse pierre plate délimitent.
J'entame ensuite la descente, que j'appréhendais un petit peu, mais tout se passe bien, les freins sont très efficaces, et on profite encore mieux du paysage qu'à la montée.
Quelques mètre en contrebas sur le chemin, j'aperçois des gardes forestiers locaux que je m'empresse de rejoindre afin de leur demander un peu d'eau, qui me fait le plus grand bien.
Ils sont assez surpris par ma machine et son système. Ils en profitent pour me montrer leurs prises, deux isards, de très belles bêtes aux jolies cornes, l'une d'entre elle est une femelle de 18 ans qui une fois dépecée servira de cape.
Ils en profitent pour me photographier devant le mont Valier, avec ma bicyclette un peu spéciale et leur prise du jour.
Je reprends ma descente en repassant par le lac d'Aréou où de nombreux promeneurs font leur halte pique-nique, plus tard j'apprendrais qu'ils venaient tenter d'apercevoir l'ours.
Je profite encore quelques instants de ces sublimes paysages et reviens au col de Pause, où la pente reprend de plus belle, la route semble plonger dans la vallée tel un torrent approchant d'une cascade vertigineuse, les freins tiennent tout de même le coup, et les jantes ne chauffent pas excessivement, l'éclatement n'est pas à craindre.
Après 2h15 de descente, j'arrive finalement à Couflens, avec un peu de mal aux mains, mais heureux de mon petit périple à la montagne.
Le lendemain j'ai rejoint mes grands parents en gîte à Sougraigne près de Bugarach, nous ferons 3 cols pour rejoindre la concentration annuelle du Club des Cent Cols dans les Pyrénées. Bien évidemment ils sont à vélos "modernes" donc je ne les ai pas pris en photo, mais vous avez déjà le récit
Je poursuis donc :
Dimanche 7 Octobre
Aujourd'hui petite randonnée d'une cinquantaine de kilomètres pour rejoindre des amis cyclo-touristes au col du Paradis.
Nous partons du petit village de Sougraigne à 5 machines. Je suis le seul avec une rétro-directe, ce qui en épatera plus d'un.
Nous commençons par passer le col de la Fage à 731 mètres, il y fait un vent à décorner les bœufs, et frais aussi, je n'ai que ma veste, et mon manteau de cuir ne m'aurait pas déplu.
Nous redescendons sur Fourtou, où le soleil pointe le bout de son nez par intermittence pendant quelques minutes, avant de disparaître à nouveau.
S'en suit alors la montée du col du Paradis, avec pour 3 d'entre nous un passage par le col de Fresno à 510 mètres.
Arrivés au col du Paradis et ses 622 mètres d'altitude, nous sommes froidement accueillis par un vent glacial, heureusement les copains ont quelques gâteaux, du café et du vin pour nous réchauffer.
Il ne nous reste ensuite que 20 kilomètres pour rentrer au gîte et s'attabler autour d'une bonne soupe.
Voilà pour cette petite virée Pyrénéenne, comme à chaque fois, j'en prends plein les yeux et je m'efforce de tout vous retranscrire du mieux que je peux, comme je l'ai vécu
Je vais essayer de monter une courte vidéo dans la semaine
Au passage je remercie encore une fois Enrique Guillermo et sa compagne chez qui je me suis arrêté sur le chemin du retour et qui m'ont offert le repas du midi, un grand merci !