Air Léger, un poids lourd du milieu des années 30

[jihèm]

Un long confinement plus tard, j'en suis là:

Tout le monde constatera qu'il est un peu trop petit pour moi, j'ai mis une tige de selle plus longue que l'originale, et la position du guidon, trop relevée, peut faire débat, mais autrement il est vraiment inconfortable.
Pour ne pas virer le peu de filets blancs qui restaient, j'ai évité la technique laine d'acier + polish, et j'ai utilisé un dérouillant phosphatant, qui m'a tout d'abord donné un aspect blanc/gris lépreux tout à fait hideux. J'ai donc entrepris de raviver un peu la teinte avec un jus de peinture dilué, dosé à la teinte autant que faire se peut, puis passé au papier de verre ultra fin pour que ça ne brille pas trop.
Bon...... je ne vais pas ouvrir une échoppe d'antiquaire, c'est clair, mais la patine est a peu près conservée. Il était tout de même bien attaqué mais je sais que certains arrivent à faire des miracles... ce sera pour la prochain!
le démontage a révélé un paquet de petits détails qui font très "qualité d'avant guerre" . les rivets de selle en cuivre, les colliers de cable de dérailleur siglés Rosa....

Le phare avait la vitre gravée au nom du fabricant , il s'avère que c'est un IMPEX, commercialisé à partir des années 30. Il fonctionne à pile et sur dynamo, donc logiquement en 4,5 V vu la taille de l'emplacement pour la pile, je me pose donc la question de savoir si la dynamo est bien la bonne puisqu'elle est en 6V, une ampoule 4,5 V grille sous l'effet de cette dynamo, et le phare muni d'une ampoule 6V éclaire à peine avec une pile (neuve) de 4,5 V ....

Olympia 1933 (2).jpg (151.18 Kio) Consulté 1560 fois

Autre petit détail sympa, le garde boue arrière largement épanoui pour moins éclabousser le suiveur.

J'ai eu droit à la séance de casse tête habituelle pour régler le dérailleur cyclo, rien à faire, il faut 3 mains pour le faire . a noter que c'est un vieux modèle, les cables de verrouillent sur le dérailleur et non pas sur le levier.

Il me reste encore à greffer un carter de chaîne, je pense avoir trouvé quelque chose qui collerait bien moyennent un peu de travail de découpe que je n'étais pas outillé pour faire dans mon appartement.

Enfin, au niveau documentaire, j'ai continué mes recherches à la fois sur le constructeur et le propriétaire, mais finalement ça ne pèse pas bien lourd.
Le propriétaire, Henri Demoyencourt, apparait dans un numéro de l'Auto de 1908 en tant que concurrent au premier pas Peugeot, membre de VCE (Véloce Club de l'Etoile) . Il est indiqué qu'il a à l'époque 19 ans ce qui le fait naître en 1889, comme un célèbre acteur brittanique qui portait une petite moustache, un peintre autrichien raté muni de la même pilosité, et un futur président de la république. Par la suite on le voit inscrit dans différentes épreuves en 1908 et 1909, il s'agit toujours de circuits en région parisienne.
En ce qui concerne le constructeur, René Léger, j'ai découvert qu'il avait concurru lors du Premier concours de machines de 1934, où il a été classé 17ème. Dans un article du cycliste de 1964, pour la rétrospective des 30 ans de cet évènement, il est encore cité dans un article d'Anfré Rabaut qui le classe aimablement dans la catégorie B des artisans du cycle....il est vrai que la catégorie A ne recèle que de grands noms, mais tout de même!

[alain2908]

il a franchement meilleure mine que sur le premier message du post.

l'article de 1964 m'a l'air interessant, si tu as l'occasion de la publier, ça donnera une idée de qui était rangé dans ses 2 listes d'artisan.

[Invité_]

Ah, ça c'est du très beau boulot !

Sur la première photo on voit très bien que la manette des vitesses à une grande encoche pour le plot à vis qui doit être tournée vers l'intérieur de la manette. C'est peut-être parce que le câble est monté à l'envers qu'il te faudrait plus que 2 mains.

Ci-dessous, voici un câble neuf dans gaine (non il n'est pas à vendre) à gauche le téton soudé en dessous des butée de gaine à la patte du dérailleur, à droite le plot à vis en dessous des butées de gaines à réglage de tension côté manette.

[Invité]

SUPERBE!!!!! Bravo !!!!

[ian]

Bonjour mieux,

que ce que je pensais au départ page 1

Clap-clap.PNG (18.11 Kio) Consulté 1536 fois

[jihèm]

L'article de 1964 en 3 photos

Le passage en question est sur le deuxième fichier, en haut.

Le haut du panier: Maury, Pitard, Reyhand, Narcisse, Uldry, Barra, Bourotte..... je pense qu'on ferait tous 1000 km A/R pour aller chercher un vélo de ces marques-là
Les autres moins connus: Léger, Galtieri, Rousselle, Souper..... de nouvelles pistes pour les collectionneurs

@Qipiq: j'ai utilisé ce même type de cable puisque l'original était cassé, mais juré, craché il n'y a pas d'encoche assez grande sur le levier de commande pour loger le plot. après plusieurs essais de montage dans un sens et dans l'autre, j'ai préféré le montage avec le téton soudé sous la main... J'ai quand même pu faire un passage éclair jusqu'à mon stock et j'ai là bas des manettes de dérailleur Cyclo avec un logement assez grand , mais elles sont en alu et l'extrémité applatie avec un logo Cyclo. Avec cette manette, le montage se fait effectivement téton côté dérailleur et plot dans la manette.

[Invité_]

sur le document de 1932 que tu montres plus haut avec les manettes à "olives", les câbles sont bien aussi dans le sens que je montre sur la photo. Et tous les vélos que j'ai vu avec ces dérailleurs étaient ainsi montés... Cependant, il n'est pas impossible que les premières manettes ne prenaient que des plots à vis plus réduits qu'ensuite... dans ce cas, le remède est la lime.

[bigoudi]

Bonjour à tout le monde , SUPERBE
AMICALEMENT BIGOUDI

[ElToro]

les tontons modérateurs, ce joli vélo ne devrait pas être en randonneuses?

[clamar]

les tontons modérateurs, ce joli vélo ne devrait pas être en randonneuses?

[stellis]

les tontons modérateurs, ce joli vélo ne devrait pas être en randonneuses?

Probablement vrai en indiquant que ce type de bicyclette est sans doute à l'origine des randonneuses...

[alain2908]

Je suis toujours gêné par le fait d'appeler Randonneuse, un vélo des années 30.
je ne me rappelle plus si on a fait la généalogie de ce nom mais à cette époque, à quelques exceptions près, j'ai le sentiment qu'on parle plutôt de Cyclo Touriste, non ?

[stellis]

j'ai le sentiment qu'on parle plutôt de Cyclo Touriste, non ?

Oui, bien sûr. Je n'y étais pas mais à cette époque les adeptes de la randonnée cycliste étaient plutôt nommés les touristes cyclistes.

[KRISSTOFF]

Salut ;
Pour moi , mème s'il s'agit d'une belle machine , rare et bien équipée , je ne la reconnait pas comme " randonneuse " ...

[ElToro]

OK merci. Pour moi c'était un petit experimento

20230826_165116.jpg (3.24 Mio) Consulté 460 fois

[velorod]

A son époque ce bon gros pépère était une machine pour faire du tourisme cycliste... qui plus tard est devenu le cyclotourisme, Comme Mr Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, cette bête de somme même si elle n'en portait pas le nom, son titre étant vraisemblablement "bicyclette de grand tourisme" ou quelque chose du genre, avait le rôle du cyclo campeur d'aujourd'hui, porter de la charge et aller loin, on peut jouer sur les mots. mais je doute qu'on refuse le titre de randonneuse à une 650 Berthoud ou Singer aux porte bagages surbaissés gréée pour les longs voyages avec des charges lourdes, elles sont pourtant les descendantes en ligne directe de cette vénérable aïeule qui en a presque tout, équipement, développements, sauf le poids... et encore certaines machines de globe-trotters ne doivent pas en être bien loin... Naturellement le terme n'étant pas créé on peut limiter la catégorie "randonneuse" à l'après guerre, après tout pourquoi pas il en reste si peu de son âge, mais c'est tout de même injuste pour cette machine atypique, qui a sûrement vu plus de paysages que bien des "randonneuses" patentées de la catégorie, de lui refuser ce titre ...

[ElToro]

très bien velorod. mais j'ai une petite suggestion.
Vélos de Cyclo Tourisme / Randonneuses c'est pas mieux pour le titre de la rubrique ?
Randonneuses Artisanales on sait que c'est l'âge d'or avec les vélos de cycloTourisme (sur mesure, à la carte, confidentiels, etc).

[ian]

Bonjour,
voilà comment on parle de çà là bas .

Golden Age of Handbuilt bicycles Heine Pradere.PNG (149.38 Kio) Consulté 373 fois

Ceci est la légende de la photo postée en p. 1 du présent

[jihèm]

Bonjour tout le monde,

Quand j'ai présenté ce vélo j'ai hésité un moment, et puis je l'ai mis dans la rubrique "vélos de tourisme" essentiellement à cause de son allure générale. Les garde boues enveloppants sont similaires à ceux d'un vélo porteur ( René Léger a été le dernier vainqueur des 'reliability trials organisés par le journal l'Auto, et qui faisaient s'affronteren plein hiver et sur les routes pavées du département de la Seine des vélos porteurs, il ya quelques photos sympas à aller voir sur Gallica).

Pour rouler régulièrement avec le bestiau, je vous confirme que ce n'est pas le meilleur matériel à choisir pour une randonnée , c'est à dire un parcours long à allure soutenue, c'est beaucoup trop lourd à trainer dans les côtes, et je ne vous parle pas du pilote qui complète l'excédent de poids...mais je pense que même un costaud finirait par se lasser de trainer une telle enclume!

C'est en revanche très confortable à rouler, et rien n'empêche de multiplier des étapes quotidiennes de 80 à 100 km et de voir du pays si on a la sagesse d'éviter les forts pourcentages.
Cette forme de tourisme à allure modérée devait être le but de nos aieux, je vous accroche une petite contribution parue dans le cycliste en Janvier 1937:

Le Cycliste 01/1937

article le cyclistev janvier 1937.jpg (4.13 Mio) Consulté 346 fois

Reliability_Trials_Décembre_1910_Bicyclette_[...]Agence_Rol_btv1b6915043f.JPEG (372.2 Kio) Consulté 346 fois

Reliability_Trials_Décembre_1910_Ruinart_[...]Agence_Rol_btv1b69150369.JPEG (318.67 Kio) Consulté 346 fois

[attachment=0]Reliability_Trials_Décembre_1910_Ruinart]

[velorod]

Bonjour jihem
Tu dis; " une randonnée, c'est à dire un parcours long à allure soutenue" or il me semble que le terme randonnée n'implique pas obligatoirement une "allure soutenue" il y a eu pendant des années à la FFCT la querelle des "contemplatifs" qui prennent le temps de regarder les paysages et ce qui les entoure, pour eux la notion de vitesse est secondaire, contrairement aux "sportifs" attentifs à leur moyenne, souvent le nez dans le guidon, l’œil rivé sur le compteur et le cardio ... Ne me dites pas que ça n'existait pas ! Déjà dans les années 80/90, il y avait "les garde-boue" et "les autres" qui regardaient les premiers avec une certaine condescendance comme des représentants d'une espèce en voie de disparition... Je crois que ces deux tendances ont toujours cohabité dans le cyclotourisme, il est évident que ce vélo n'a rien à faire sur un PBP ou une randonnée des cols Pyrénéens, par contre pour l'utilisation paisible que tu décris à la fin, il est parfaitement adapté . L'article dans "Le Cycliste" remet bien les choses dans leur contexte, l'auteur parle de son vélo "de 15 à 16 kilos" ...ce qui n'est pas si éloigné des 19 de cette machine, je pense qu'en ordre de marche, la différence viendrait d'abord du poids du cycliste ! Ce texte présente parfaitement la "philosophie cyclotouristique" qui a conduit à la fabrication de cette machine faite pour avaler du kilomètre, la performance pure passant au second plan comme si bien expliqué, dès 1937 par ce monsieur A. R. de Bollène