La Française Diamant routier

[Caillon]

Sauvée je ne sais plus quand d'un sort funeste et remisée chez les poules le temps qu'on s'en souvienne. L'équipement semble dater des années 50, voire 60, mais le cadre, soudé à l'autogène je pense, a des aspects archaïques. Il manque le frein arrière ainsi que le carter de chaîne en alu. Tous les roulements sont fonctionnels. J'ai relevé la présence d'un téton sur le tube horizontal ainsi que d'une patte sur la base droite pour dérailleur, mais je l'ai trouvée en mono-vitesse, avec roue libre quand même. Voici ma deuxième 650 B (pneus Olmo noirs à flancs blancs sauvables) !

[KRISSTOFF]

Salut CAILLON ;
Interressant ce vélo car on ne voit pas souvent des " La Française Diamant " de cette génération ...
Le cadre , bien que te paraissant " archaique " doit dater des années 50 / 60 (pattes arrières , patte de dérailleur , plaque de cadre ... );les garde-boues semblent dépareillés

[Caillon]

Il faut bien qu'elle ai un intérêt, cette bicyclette ! Je ne veux pas forcer sur l'antiquité, mais je trouve les anachronismes bien nombreux. La plaque aluminium, rivetée alu tellement elle est cheap, vient par-dessus un décor peint avec filets qu'on devine dans l'ombre de la tôle. Le graisseur sur le boîtier de pédalier, le beau jeu de direction, et puis ce soin dans le limage des soudures, ça fait avant-guerre, je trouve… Mon idée : un cadre issu d'un ancien stock planqué pendant l'Occupation, reconditionné style moderne après-guerre. Qu'en pensent les spécialistes de la période ?

Les garde-boue sont en aluminium martelé, et tous deux sont du même modèle.

[Caillon]

Un truc qui ne fait pas trop avant-guerre : plein de petites pattes pour fil électrique brasées sous le tube diagonal, et une dynamo.

[Caillon]

Depuis que j'ai bêtement écrit que les "archaïsmes" relevés sur ce cadre me faisaient penser qu'on l'avait conservé le temps de l'Occupation, j'ai appris ce qui avait fait la différence entre les industries des belligérants des années 40 : les allemands ont perdus les hommes —ou la pratique— et ont aussi été conduits à renouveler leurs machines détruites, reprendre leur organisation de production, modifier leurs savoirs-faire…
Les Français ont retrouvé leurs ouvriers qualifiés retournés des stalags ou du travail obligatoire en Allemagne : le soudeur "autogène" a été remis au même délicat travail qu'en 39, et le cadre soudé du "groupe Gentil" de 1950 ne présente pas de différences au fond avec celui d'avant-guerre.

À la faveur d'un rangement de garage, j'ai pu retrouver le cadre du La Française Diamant, et en photographier les numéros frappés sur le bdp, et la patte arrière droite, alors voilà :
respectivement 617776 et 55V (pour ce dernier j'ai un doute, et je souhaite le partager !).

[Caillon]

Je reprends : 617177. Personne m'a dit que…

[KRISSTOFF]

Salut CAILLON ;
En effet : 617177 est bien le numéro de série de ton vélo ;
....sur ce post , la datation estimée du " La Française Diamant " de LES186 était de 1949

http://forum.tontonvelo.com/viewtopic.p ... nt#p324408

...avec le numéro 581804 ; cela pourrait donc situer ton vélo au début des années 50 ...

[Caillon]

Les pièces rouillées et encroûtées de vieille graisse sont sorties cet après-midi de leur bain de pétrole de trois ans, puis ont fait pour la plupart un tour dans l'acide citrique. Quelle fabrication ! C'est du costaud partout, les cuvettes sont à peine billées (jdd). Je ferai reposer la cuvette de gauche du boîtier de pédalier par mon vélociste parisien : il a l'outil qui'il faut et les biceps qu'il faut à l'outil.
J'ai ressorti le cadre pas encore nettoyé de sa rouille en conservation des vestiges de filets. C'est pour demain. C'est un carré de 57 cm, donc trop grand pour moi, quoiqu'avec un cintre de ville, je m'accommode d'un 56 avec mon solide PH 50 M, et même d'un cintre randonneur avec le P8 LS W (lequel est aussi un 56 lugless)…
J'avais trouvé en atelier participatif le frein acier qui manque, un pare-chaîne Aludur, ainsi qu'un dérailleur Juy Simplex à bascule, complété par un ressort dégoté par le vélociste cité plus haut. Je braserai une patte pour la troisième vis de fixation du pare-chaîne. Dans le genre, il me faudra encore m'occuper des garde-boue alu, à polir.
M. Hanart a redressé la fourche voici quelques mois et j'ai nettoyé, stabilisé, poli et remonté les roues Rigida frappées 83 —ce vélo a dû être refait ! Demain dévoilage et, non, pas encore les pneus, je n'ai pas encore reçu les chambres latex commandées pour pneus de 26" à grosse section, et je ne dois pas avoir de fond de jante textile de la bonne largeur…
Il me manque un cintre plat, de préférence en alu, maintenant —celui des photos est tordu, comme les manivelles, d'ailleurs, et comme le plateau —ce vélo a dû être accidenté ! J'ai donc un peu redressé le plateau voilé, au darracq.
Dernière liste de courses : une chaîne, des billes, des gaines blanches, et hop en selle.
650 B, soudure autogène et tout ça !

[Caillon]

Programme à moitié rempli.

[Caillon]

J'avais les billes : 3 mm 969 pour le jeu de direction et les pédales (retrouvé 71 pièces dont 42 pour les pédales), 6 mm 35 pour le boîtier de pédalier (10 pièces de chaque côté).
Et le fond de jante Velox 16 mm.
Et merci à biquet pour son cintre alu plat presque le même : juste un peu plus ouvert.

[Caillon]

Le cadre, la fourche et le porte-bagage ont été dégraissés à la lessive (Oxydrine pour ne pas faire de pub), puis ont trempé rapidement dans l'acide oxalique tiède et ont été traités à la brosse métallique : ça bouffe de la peinture mais la rouille s'en va —et un dépôt antirouille d'oxalate se produit. En principe je préfère un acide plus dilué, genre jus de citron, mais les arguments de Munny sont convaincants : pour lui, la rouille doit être bouffée rapidement, de préférence au métal, car il est vrai qu'un acide dilué longtemps en contact avec le métal le ronge plus qu'un coup de trempette dans l'HCl à 10%.
L'acide oxalique a le défaut —en plus d'être toxique, je le rappelle ; je veux bien qu'on fasse des bêtises en m'imitant, mais n'en mourrez pas, les gars !— de décolorer les peintures : ça et le brossage, ça a bien attaqué ce qu'il restait de l'ancien "émail"…
Je vais pour le moment passer un voile de Rustol dilué avant de pulvériser un antirouille rouge brun (il n'y a plus de minium, hélas !) localement.
Avant, j'aurai fait un relevé précis des filets, sertis et bagues, ainsi que quelques photos. Je le referai donc en bleu Saviem, filets or et argent, bagues bleu-blanc-rouge, cartouches or. Mais il aura été remonté avant dans sa vieille peinture.

[Caillon]

Il commence à ne plus en rester beaucoup de la vieille peinture : j'ai traité à la bombe antirouille rouge-brun les endroits les plus attaqués, puis les ai lissés à l'abrasif 240 à sec, sans faire tomber la poussière. Là-dessus, Rustol dilué au WS essuyé immédiatement. Demain, relevé des décors.
Le bleu roi du cadre est un "cyan moyen", en RGB ça donne 32,102,136 selon l'appli Color-Grab sur le téléphone Android du fiston. Et j'ai corrigé en RGB 54, 173, 230 (CMJN 77%,25%,0%,10%) c'est à dire la nuance 36ADE6 en html. Je préfèrerai toujours l'expression CMJN, c'est très évocateur : 3/4 de cyan, 1/4 de maj et 10% de noir.

Les bagues étaient probablement des décalques imprimés sur fond argent. Je les referai en peinture, comme les champs des cartouches qui seront traités en candy —vernis jaune sur fond argenté (= poudre d'aluminium dans du vernis). Il va falloir que j'investisse dans de la peinture à filets or et argent !

Les gaines étaient grises, textiles et vernis gris clair, elles seront gris métal (des Tobec NOS).

[Caillon]

Relevé des filets.

[Caillon]

L'état actuel de la peinture et quelques détails.

[Caillon]

Petit plaisir aujourd'hui, je me suis fait quelques brasures : c'est toujours magique. Le protège-pantalon Aludur est fixé sur une troisième patte et le porte-bagage est réparé (comme mon Mohnmühle, mais c'est une autre histoire).
L'Aludur est anachronique, c'est vrai, mais ce vélo a été refait entièrement (probablement par un vélociste) dans les années 80, et ça ne fera jamais qu'une pièce plus récente parmi d'autres. J'ai aussi étendu la couche d'antirouille rouge sombre, et comme j'ai trouvé un vendeur de couleurs qui met en bombe des peintures alkyde, je passerai dessus ces parties repeintes un beau bleu. Pas le bleu dont je donne la formule d'origine, mais une teinte qui s'approche de la couleur passée, en version satinée pour mieux aller avec les parties survivantes et aussi pour mieux convenir au vernissage.

[fedaliou]

Passionnante cette résurrection..........

[Byclou77]

Ça promet une très belle restauration ça caillon bravo
Je n avais pas fais gaffe que tu avais des poules

[fedaliou]

Ça promet une très belle restauration ça caillon bravo
Je n avais pas fais gaffe que tu avais des poules

quand on est beau gosse c'est courant

[Caillon]

La peinture pulvérisée a pris pas mal de surface… Il me reste le pot de peinture dont une partie a été dans la bombe pré-chargée, je le pistolerai quand il fera un peu plus chaud, là c'était limite. L'égrenage va faire reparaître la peinture originelle à certains endroits, mais comme c'est de l'alkyde, ça va demander un peu de temps.
Et je n'ai plus les poulettes qui ne plaisaient pas à mes beaux-enfants.

[Caillon]

Vu sur eBay un LFD un poil plus récent, avec les décalques similaires à ceux du demi-course de les 183, notre Écossais.
C'est un cadre en tubes Rubis que son vendeur date de 1940-50 (moi aussi je peux le faire !). Selon lui, que je remercie de sa réponse, il s'agit d'une randonneuse. En effet, on constate la présence de tasseaux brasés pour cantis, et le cadre (57,5), avec ses grands passages, doit être prévu pour du 650 B confort. En outre, la présence de quelques chromes peut soutenir l'hypothèse d'une version de randonneur luxe à la Peugeot. Le cintre est quant à lui du type course.
Je crois que je sais ce qu'il y avait entre les bagues du tube de selle de ma bicyclette modeste : un décalque reprenant la plaque antérieure à celle des vélos de les 183 et de ce M. Berthus64.