Une randonneuse légère en 700c de 1968 et un cyclocampeur en 650b de 1972. Noirs tous les deux, dans leurs jus respectifs :
Nous nous faisions une fois de plus la réflexion que si le vélo moderne avait rendu accessible ce sport à des gens qui ne s’y seraient jamais essayés autrement, la « marchandisation » de cette pratique, son inféodation à une publicité envahissant jusqu’aux culottes des pratiquants, avait fait perdre son âme au cyclotourisme.
Nos sobres tenues traditionnelles et nos classieuses bicyclettes à garde-boue et sacoches de guidon, nous faisaient ressembler à deux terriens échappés au milieu des martiens dans un film de science-fiction de série B
. Et pourtant, le paysage n’était pas détestable, les beaux points de vue pas absents (le golf de St-Nom la Brétèche, la forêt vers Herbeville, le point de vue sur Thoiry, les chevaux dans les prés vers Grignon), et le relief pas inintéressant.
Pour ma part, c’était la première fois que je chevauchai une monture de si noble signature
. Telle quelle, cette 700c « brute de dénichage », aux pneus trop fins et dépareillés (25 alors qu’elle mériterait de classiques 28), au dérailleur avant Huret archi-usé, et au Campagnolo arrière des 80s, m’a fait l’effet d’une bombe :Un véritable « pousse au crime », une incitation permanente à envoyer la sauce, un piège dans lequel je me suis surpris à enrouler un 52x15 sans même m’en rendre compte, ou grimper des bosses redevables de la petite moulinette sur un indécent 42 dents…
Une bête de rando, un concentré d’efficacité avec son arrière court. Mais plus important que tout : sans pour autant renoncer au confort d’un avant de longueur respectable et d’angles généreux. Oui, la quintessence d’une machine de cyclotourisme, une vraie, qui ne colle pas pour autant le nez dans le guidon au point d’oublier le paysage.
Je remercie publiquement Nibor75
pour m’avoir permis cette expérience, moi plus habitué à la randonneuse « confort » en 650 et à des montures en 700 plus plébéiennes. Devisant en cours de route, nous en arrivions à comparer deux grands faiseurs : René Herse et Ernest Cszuka. Un style très pointu de part et d’autre, des solutions techniques parfois différentes, et une approche certainement plus « universelle » de la part du second que du premier, auteur de machines peut-être plus spécialisées. Nos deux montures du jour en étant l’illustration parfaite entre le cyclocampeur d’une part, et la randonneuse légère d’autre part.
Mais un état d’esprit à l’unisson.
Ça a été aussi l’occasion d’une séance photos à un endroit qui, sans se concerter, nous avait chacun interpelé : à la chapelle de Ste-Gemme, non loin de Feucherolles.
Plus ça va, moins je crois au hasard, nos bicyclettes sont des machines à remonter le temps. L’espace lui-même en devient intemporel.
L'inscription sous l'oratoire est toujours aussi indéchiffrable qu'en 1947.
On a aussi le droit de passer à côté de l’essentiel sans même s’en rendre compte. Oublier Vélocio et Henry de la Tombelle, oublier que la machine doit être avant tout l’instrument harmonieux qui nous permet de mériter notre récompense. Je renvoie ici à la conclusion de Jacques Faux :
"Le cyclotourisme ? ce n'est pas une compétition, c'est l'art de mettre l'effort physique au service de la découverte en apprenant à voir et à apprécier les beautés de la nature et l'héritage du passé."
On ne saurait mieux dire.
...
) car c'est devenu tellement inhabituel ! et du coup on est moins facilement assimilé à l'image de troupeau indiscipliné donnée par beaucoup de cyclistes, hélas.
... des coups à se retrouver au fossé 
, un maillot de club, on l'achetait et on n'avait pas besoin qu'un marchand de fenêtres nous transforme en homme-sandwich... même les cuissards n'étaient pas sponsorisés par "Mitosyl" lors des brevets de grande distance, et pourtant 
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